[Déplacé depuis PJ - Moklo] [Spoil] Prologue: Quelques pas hors de la lumière

Nous sommes au début avril de l'an 989. L'air est doux, le ciel translucide laisse encore passer le froid de l'hiver qui vient de finir.
La journée n'est pas très avancée quand tu arrives à Neria, une petite ville calme à l'est de la cordillère de Tol Jaegren que tu as mis dernièrement entre toi et ton passé.
Neria possède une enceinte large mais basse, entourée d'un fossé. Un village éphémère commence à s'installer devant les portes mais ce sont surtout des paysans ou des personnes peu fortunées qui montent de petites tentes sur un pré bien entretenu. L'ambiance y est joyeuse, les enfants courent en bandes animées mais étrangement retenues et le silence, quoi que régulièrement entrcoupé d'un éclat de rire, est remarquable pour un tel lieu.
A l'intérieur des remparts, passées les portes ornées et le portail sculpté, la ville est propre et luisante, les maisons colorées lui donnent un côté guilleret que viennent assombrir les grands tissus noirs et rouges que les habitants pendent aux fenêtres et dont ils décorent enseignes, luminaires et fontaines. La fête de Sanctus va bientôt arriver.

La ville est plutôt calme, le marché sur la gauche peu après l'entrée, ne résonne pas vraiment des cris habituels, à peine y interpelle-t-on discrètement le chaland, les quelques troquets sont inoccupés, seule la cathédrale au centre de la cité bourdonne d'activité: des estrades sont dressées sur la place tandis que les vitraux sont nettoyés et les sculptures repeintes.
Tu es donc dans les rues de cette ville inconnue et étrange.

Les portes de la ville sont juste derrière toi.
Tu es en face d'une fontaine, adossée à une tour carrée entourée d'arcades elles-même surmontées de statues et de volutes de pierres et de métaux ornés. Au dessus, la maçonnerie froide se dresse vers le ciel, recouverte elle aussi de draps noirs et rouges qui renforcent encore son air martial.
La tour divise une rue qui semble remonter la ville vers la cathédrale, tandis qu'une rue à gauche entourée de maisons cossues semble déboucher sur le marché. Il y a aussi de nombreuses voies moins importantes et une rue à droite qui semble donner vers des industries si l'on croit les odeurs qui s'en échappent.

Deux gardes montent avec nonchalance la garde aux portes, quelques passants errent sur la petite place. Même les pigeons ont l'air renfrognés.

Il a fallu quitter Archange, et décider d'une direction à prendre. A l'ouest l'océan, au sud Azur, au nord les barbares et autres militaires, alors... première caravane pour l'est.

Avec elle, Korail est passé par Leazhar, dont la population vieillissante et les nouveaux entrepreneurs n"ont guère le temps ou l'idée de se divertir, ne laissant place qu'à deux trois jongleries pour glaner de la piécette mais rien de passionnant, et Tibérias qui, pour autant qu'elle soit mieux fréquentée, rappelle trop par ses tours, ses palais et les livrées de l'Ordre du Ciel partout la capitale. Aussi, après de rares prestations en tavernes périphériques, il décida de repartir avec la même caravane.

Pendant les trajets, il s'agissait de jouer l'artiste très concentré sur ses répétitions, les contacts amicaux avec des gens qui voyagent beaucoup et n'ont que peu d'attaches n'étant pas au programme. Dans les villages juste ce qu'il faut de démonstration aux patrons de petits établissements pour avoir le droit de se produire. Aux questions des curieux, la réponse typique est: "Eh bien je suis un artiste itinérant, venez donc me voir ce soir à l'auberge !", ce qui lui a permis de gérer jusqu'à présent son costume et masque comme une vitrine publicitaire perpétuelle.

En arrivant à Neria néanmoins, la situation va fatalement changer ; sa caravane va rester sur place pour la fête, et le fait qu'il n'ait pas traîné dans les villes précédentes ne lui a pas permis de se renflouer après avoir presque dépensé tout ce qu'il avait emporté simplement pour le voyage. De plus, il s'est aperçu un peu tard qu'il manque assez cruellement d'une "tenue de recueillement" adaptée pour Sanctus.

Trop fauché pour ne pas mourir de faim et renouveler sa garde-robe d'un coup, il se mit en quête d'un établissement qui ferait moins étalage de dévotion et serait donc plus susceptible de trouver à l'engager. A priori, le quartier industriel n'est pas approprié, celui du côté de la cathédrale doit comporter des auberges mais ne se prête sans doute pas aux soirées festives, alors c'est à gauche, côté marché, que Korail se dirige à la recherche d'une enseigne accueillante.

Tu descends une rue bordée de maisons plus propres que riches. Elles sont en bois, surmontées de toits à pignon, des couleurs pimpantes et de petits jardins, mais les couleurs s'écaillent, les jardins bien entretenus contiennent des fleurs banales et les rideaux derrière les vitres semblent un peu passé. Ici, on prépare la fête en décorant la rue de draps noirs et rouges qui viennent couvrir les maison et la petite statue d'un enfant sur un petit cheval en est complètement drapée.

Tu débouches sur le marché, une place entourée de colonnades qui protègent des échoppes tandis que des étals occupent l'espace dégagé autour d'une grande fontaine. Il y a peu de monde aujourd'hui et les marchands sont assez silencieux, prenant juste la peine de saluer les gens et vantant leurs produits presque à mi-voix.
Au dessus des arcades, les maisons de pierre ont les façades lourdement ornées et les fenêtres cintrées en ogives.

LEs gens qui te croisent semblent pressés, de faire leurs courses ou de décorer leurs maisons.Tu sens cependant comme une présence qui t'observe.

< Vu la tête qu'ils tirent, rien d'étonnant à ce que je sente les regards sur moi dans mon accoutrement... Et frustes et pressés comme ils sont, je perdrais sans doute mon temps à chercher à les accaparer en pleine place du marché.>

Sans m'attarder plus ni me retourner parce que ça casserait le peu de contenance que j'arrive à maintenir, je passe derrière les colonnades pour faire le tour des enseignes, toujours avec la même recherche.

Les arcades contiennent des boutiques plus luxueuses, certaines ayant visiblement des employés. La marchandise dégorge dans l'allée couverte. On y trouve des draps, des pièces de cuir tanné voire quelques pièces de métal vulgaire façonnés en ustensiles quotidiens.

Là aussi, l'activité est réduite, et les aides semblent désœuvrés. Ils te regardent passer longuement et ostensiblement mais cela n'explique peut-être pas le picotement dans ta nuque

Malheureusement donc, que de la vente et pas d'hébergement ni de salle de spectacle... C'est décidément ennuyeux. Intrigué par le picotement, je vais finir de marcher en arrivant dans un angle/impasse/étal/colonne, mettre les deux mains croisées sur ma nuque tout en me pivotant sur moi-même, genre je m'ennuie et ne trouve pas ce que je veux et vais faire demi-tour. De sorte à vérifier tactilement et visuellement ce qui peut bien faire ça sans discrétion mais avec naturel simplement.

La place est un rectangle ouvert au centre des deux largeurs, l'enceinte du marché est donc bien délimitée par la colonnade qui l'entoure donc presque entièrement. De petites guérites, chacune protégeant un changeur de monnaye, se trouvent de part et d'autre de l'avenue qui traverse le marché.

Évidemment, tant sous la colonnade que sur la place, cette organisation apparente n'est que théorique. Tant et si bien qu'il t'es facile de te retourner avec nonchalance. Tu es devant un magasin qui vend diverses poteries, porcelaines de basse qualité et autres contenants.

Lorsque tu fais demi-tour, l'allée n'est occupée que par quelques personnes. Une vieille dame habillée de noir, un homme sobrement élégant qui devrait être un domestique, deux jeune femmes qui babillent et un jeune homme coiffé d'un large chapeau, au regard perçant et à la peau sombre.

[De base j'aurais été intrigué par un daevar ou kwa ici, mais là il est assez évident qu'il s'agit du personnage de pilami... Le souci d'avoir passé un certain temps à retoucher son image pour lui, c'est que dans le contexte, chapeau et peau noire, ça en devient assez directement reconnaissable...]

La vieille dame habillée comme les façades, le majordome et les ménagères qui font les courses, ça sent les locaux à plein nez. Par défaut, je me dirige donc vers le jeune daevar(en plein empire, mine de rien) chapeauté, et l'accoste avec une petite révérence, m'en tenant à la bonhommie tant que la situation ne m'encourage pas à l'inverse :
"Bien le bonjour jeune homme ! Je peux me tromper mais vous m'avez l'air aussi typiquement issu du terroir local que moi... Malheureusement ces tristes façades ne semblent pas abriter d'établissement propre à recevoir mes époustouflantes prestations. Aussi en viens-je à quémander les bons tuyaux : peut-être auriez-vous croisé un lieu qui ait encore l'air vivant et souriant dans le voisinage ?"