[Déplacé depuis La Campagne] [Aventure]Au carrefour

Je suis Camille.

Le large fossé est passé sur un pont imposant. Les gardes, assez nonchalants, vous regardent passer. Les larges remparts forment comme un petit tunnel sombre qui donne sur une place déserte.

A l'intérieur des remparts, passées les portes ornées et le portail sculpté, la ville est propre et luisante, les maisons colorées lui donnent un côté guilleret que viennent assombrir les grands tissus noirs et rouges que les habitants pendent aux fenêtres et dont ils décorent enseignes, luminaires et fontaines. La fête de Sanctus va bientôt arriver.

La ville est plutôt calme, presque déserte, Lorsque vous franchissez les portes, les cloches de la cathédrale se mettent à sonner avec vigueur, et les gens se mettent à sortir de leurs maisons. Pourtant, la ville reste assez silencieuse, comme recueillie.

Je regarde la foule se diriger vers la cathédrale.

Oui, trouvons une auberge. Par contre, pour ma part, je me rendrais bien à la cathédrale pour prier.

Je cherche des yeux une indication sur une auberge proche, cherchant le plus possible à ne pas déranger les croyants.

La cathédrale est plus loin, à l'intérieur de la ville, vous en distinguez les flèches derrière l'imposante tour qui ouvre la grande rue s'enfonçant dans la ville. L'édifice carré s'élève loin au dessus des toits et l'on hisse encore sur sa façade l'un ou l'autre drap noir et écarlate.

Deux autres rues, à gauche et à droite, s'ouvrent respectivement sur le marché et sur une zone qui semble rassembler des tanneries, abattoirs et autres activités nécessairement nauséabondes.

Les gens pour l'instant semblent occupés à terminer leurs préparatifs. Ce soir, ce sera certainement la Veillée d'Arme.

C'est malheureusement une question à laquelle je n'ai pas encore de réponse. En tout cas, je ne pourrai pas repartir tant que mon chariot ne sera pas réparé... Et je vous avoue que je participerai bien au Sanctus dans son ensemble.

Je dis cela en triturant mon médaillon.
Puis, j'aborde un passant qui n'aurait pas l'air en pleine procession.

Pardonnez-moi, monsieur, pourriez-vous nous indiquer une auberge, je vous prie ?

L'homme assez jeune s'arrête.

Tout dépend de vos moyens. Il doit rester quelques places derrière le marché, ou si vous remontez la rue principale, vous avez un hôtel qui garde toujours quelques chambres pour la semaine.

Les préparatifs, assez avancés, laissent supposer qu'il reste encore du temps avant le début des célébrations.

Je vous remercie, monsieur.

Je me tourne vers ma compagne :

Je pense que je devrais pouvoir loger à l'hôtel. Puis-je vous y offrir une chambre ?

Loki a écrit:

Je pense que je devrais pouvoir loger à l'hôtel. Puis-je vous y offrir une chambre ?

Je regarde Camille avec de grand yeux:

"Le repas et maintenant une chambre? Et bien euh..." je rougis un peu "Et bien c'est fort aimable de votre part.

Vous êtes au fond de la place, juste à côté de la grande tour carrée qui borne la grande rue. Elle est entourée d'une colonnade et une fontaine occupe une des faces. Le reste est orné de statues et de volutes sculpté avant que la pierre nue ne s'élève. La tour est lourdement décorée de draps noirs et écarlates, parfois piqués d'ex-voto.

La grande rue qui s'enfonce droit dans la cité est elle aussi surchargées de décorations rouges et noires. Les habitants s'affairent dans cette vaste avenue assez large pour laisser passer quatre chariots. Plusieurs rues et ruelles permettent de rejoindre le reste de la cité.

J'ai peut-être trop l'habitude d'aider les gens, même s'ils n'en ont pas besoin, dis-je avec un grand sourire.

Alors allons-y !

J'entreprends de remonter la rue principale en direction de l'hôtel, tout en jetant un oeil curieux aux décorations.

Je suis Camille tenant mon cheval par la bride regardant également la décoration.

La rue est bordée de hautes maisons de pierre, deux ou trois étages sévères et élégants, aux toits décorés d'urnes de pierre ou de statues couchées sur des volutes lourds.
Chaque maison a les fenêtres ornés de draps, et d'autres descendent des corniches, tous noirs ou rouges, donnant un aura funèbre à la ville entière.

De place en place, des poteaux sont dressés, sur lesquels on place des statues peintes et des tréteaux supportent de grandes croix sombres.
Les gens sont affairés, des jeunes gens dressent les derniers poteaux. Des jeunes filles cousent des ex-voto brillants sur les draps. On nettoie aussi les rues, le tout dans une ambiance silencieuse, retenue, renforcée par les tenues banales des gens, souvent couvertes par un manteau brun ou gris.

Les rues adjacentes, quoi que les maisons y soient moins imposantes et la chaussée moins large, sont décorées de la même manière.

Je jette un oeil attentif aux ex-voto brodés sur les draps, pour y discerner les messages inscrits.

Les pièces de tissus brodées, à peu près de la largeur d'une main, présentent une diversité immense. On y trouve des vœux, des prières, des remerciements, le souvenir d'un défunt, écrits en lettres de fils dorés ou argentés.
Tout aussi fréquentes sont de petites icônes, visages ou images de saints divers, brodées dans les même fils précieux.
La plupart des ex-voto sont disposés en bandes horizontales sur les grands draps qui descendent des toits, à hauteur des yeux environ.

Je m'approche d'une des demoiselles et m'adresse à elle :

Bonjour Mademoiselle. Veuillez m'excuser, mais je voulais savoir s'il était encore temps de faire inscrire quelque chose sur ces draps.

C'est une jeune fille assez simple, au visage carré et à la chevelure un peu lourde comme les formes légèrement empâtées. Elle répond sur un ton assez rapide. Ses camarades te regardent en coin, continuant les préparatifs.

Hélas mon bon monsieur, cette façade contient les voeux de la famille Marceuil et de leur amis. Mais vous pouvez vous rendre à la Chapelle de la Vierge, un peu plus loin, qui accueille les voeux des pèlerins.

Elle désigne une rue secondaire, sur votre gauche.

Je m'incline légèrement.

Je vous remercie. Kalhan, cela vous dérange-t-il si nous faisons un petit détour par cette chapelle ?

Vous entrez donc dans une rue plus petite, aux maisons plus modestes. Elle est assez grande pour laisser deux chariots se croiser et possède un petit trottoir surélevé.
Seules quelques maisons sont encore en pierre, la majorité des demeures en bois s'élevant à peine de quelques étages. Plusieurs allées sombres s'ouvrent entre les bâtiments.

Ici aussi, la rue est décorée de nombreux signes de la ferveur populaire, le rouge et le noir dominant comme partout. Les décorations sont plus modestes, les ex-voto moins nombreux et parfois de simples tissus colorés. Les colonnes sont remplacées par des sortes d'arc surmontés de croix sur lesquels s'affairent encore des habitants du quartier juchés sur des échelles.

Les gens, comme partout, s'affairent à décorer et nettoyer les lieux. Un petit attroupement se tient cependant à l'angle de la rue suivante.

Je continue d'avancer dans la ruelle vers le petit attroupement, curieuse de voir ce qu'il se passe.

Même chose.

Une dizaine de personnes sont rassemblées au fond de la rue, entourant quelque chose sur le sol. Elles ont l'air agitées. Pendant que vous vous approchez, quelques personnes rejoignent le cercle. La forme sur le sol se précise, c'est un couple, une femme et une autre personne plus petite, un enfant semble-t-il, qui s'agite. La femme est accroupie et l'enfant rampe à moitié au sol. Les gens restent empesés dans le demi-silence de la veille de fête, mais vous entendez par dessus leurs conversation basses, un sanglot, et une éructation.

L'enfant pleure, et vomit violemment, sa mère essaye de le calmer, autour les gens sont désarmés devant la scène et ne réagissent qu'en la regardant, pour l'instant.

Sapristi !

Je me tourne vers Kalhan :

Kalhan, voulez-vous bien tenir mon cheval, je vous prie ?

Je laisse la bride à ma compagne et me précipite vers l'attroupement. En arrivant à leur niveau, je rejoins la femme et l'enfant, quitte à bousculer un peu du manant (en m'excusant à moitié), et m'agenouille à leur côté.

Madame, que se passe-t-il ?