[Déplacé depuis La Campagne] [Aventure]Le Guet

Si vous le voulez bien, nous nous chargerons nous même de la mise en page, contentez-vous du dessin s'il vous plaît.

Opiter Peltrasius Ulfila se lève calmement. Il a l'air presque réjoui du comportement du peintre si l'on croit les légères pattes d'oies qui rident le coin de ses yeux.

Messieurs, vous avez entendu notre artiste: remballez ces choses. Quant à vous-en se retournant vers Gabriel-je vais vous trouver une pièce adéquate. Si je ne m'abuse, nous sommes dans une tour.

Constatant les dialogues jusque là avec calme, je m'enthousiasme visiblement d'un petit rire et de quelques applaudissements de la poussée de théâtralité de Gabriel.

Et je me lève, sans prendre mon verre, juste après Opiter, pour aller dans une salle plus éclairée.
"Ah, voilà donc le retour à la lumière."

Je salue les applaudissements d'une profonde révérence accompagnée de quelques fioritures théâtrales avec mon chapeau. Me retournant ensuite vers Opiter :

"En tout cas, je ne serais pas fâché de retrouver le grand air. Merci pour le verre, Capitaine. "

Sur ce, je remets mon couvre-chef et emboite(rai) le pas au groupe formé des gardes et de Korail afin de remonter.

Opiter Peltrasius Ulfila vous regarde et hoche simplement la tête.

Suivez-moi, si vous êtes prêts.

Les gardes remballent la chose, prenant soin d'emporter le plateau ainsi qu'une petite boîte prise dans une sorte de buffet imposant.

Vous repassez donc en une petite procession à travers la pièce où le docteur est visiblement occupé. Dans son dos, Inigo remet les draps sur des corps que vous ne distinguez donc pas. Un instant plus tard, vous êtes sur les marches et entamez votre remontée.

Intrigué par la boite, je profite du moment où les gardent l'emmènent pour l'observer et essayer de deviner ce qu'il y a dedans

[En quoi est-elle faite ? Bois, métal...]
[A-t-elle l'air lourde ?]

J'observe en détail les différents objets, notamment les morceaux de chair. Je tente de discerner si les marques de dents sont les mêmes que celles sur la colonne vertébrale du corps de tout à l'heure.

J'accorde à peine un regard à la petite troupe qui passe dans l'autre sens.

Le groupe arrive rapidement aux escaliers qu'il a descendu il y a peu et qu'il reprend dans l'autre sens. Opiter Peltrasius Ulfila ouvre le chemin. Les gardes ferment la marche, l'un d'eux tient la boîte, en bois et qui semble comporter des panneaux ou des petits tiroirs. Elle fait à peu près la taille d'un carton à chapeaux. Un très léger souffle d'air monte des étages inférieurs.

Le docteur, pendant ce temps, se demande comment comparer des empreintes dentaires qui semblent à-priori assez semblables.

Je me redresse, l'air songeur. Après quelques instants, je m'adresse à Inigo :

Il semble bien que ces trois personnes aient été attaquées par les mêmes créatures. Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi l'un d'eux a toujours sa tête, et si les deux autres l'avaient toujours, auraient-ils les yeux dans le même état... De ce que j'ai cru comprendre, il y a deux types de créatures. Agissent-elles de concert ? Mais comment cela se pourrait-il ? Une forme de symbiose ? L'une affaiblit en aveuglant permettant à l'autre de se repaître ?

Tout au long de mon monologue, il est évident que je m'adressais de moins en moins au garde, et de plus en plus à moi-même.

Inigo, vous ne m'avez pas répondu exactement tout à l'heure : qu'attend le capitaine de ma part ? Je n'ai personne à soigner ici, et n'importe qui peut voir que les créatures que nous avons rencontrées sont à l'origine de la mort de ces pauvres bougres...

Je jette un oeil au bout de tissu que j'ai trempé dans le liquide nauséabond de l'oeil du macchabée, réprimant un frisson en pensant à ce qui aurait pu arriver au petit Marcus...

Inigo a écouté les bras croisés. Il hoche parfois la tête, l'air approbateur. A la fin du discours du docteur, il semble surpris.

Je ne sais toujours pas de quelles créatures vous parlez, docteur. Il reste un corps en attendant.

Le morceau de tissus est sombre, imbibé. A première vue, on ne distingue rien. En s'approchant de plus près, on distingue de très petits trous à divers endroits de la pièce.

Le groupe arrive au rez de chaussé. Opiter Peltrasius Ulfila se tourne vers vous.

S'il vous plaît de m'attendre au pied des marches, je ne prendrais qu'un moment.

Il se dirige sans attendre vers un homme qui semblait l'attendre derrière un pilier. Un des gardes, celui qui porte le sac, s'approche.

C'est par là.

Le vestibule est passablement occupé. Des hommes du guet ne cessent d'entrer et sortir, de passer sous les arcades ou d'arpenter les escaliers.

Je regarde Inigo, en secouant la tête l'air surpris.

Ah bon ? Et bien, montrez-me le, j'ai hâte de le voir !

Je me coupe, réalisant l'étrangeté de ce que je viens de dire, puis je reprends en bafouillant un peu :

Enfin... Je veux dire... peut-être m'éclairera-t-il sur ce que nous cherchons !

Approchez-vous de la femme, docteur. Et ne vous inquiétez pas, je sais bien où nous sommes. Vous voulez boire quelque chose peut-être? Ça aide à passer...

Korail croise les bras, le haut du corps légèrement en arrière, le pied droit légèrement en avant.
"Qu'est-ce qu'ils sont procéduriers ces gens, tout de même... Gabriel, mademoiselle, ne tardons pas et prenons un peu d'avance si vous le voulez bien, monsieur Ulfila nous rattrappera."
Sur ce, je vais d'un bon pas vers la direction indiquée par le garde.

Le premier garde reste à la hauteur du masque. Un petit groupe du guet semble se détendre près du pilier qu'ils franchissent rapidement. D'autres hommes se rapprochent d'Opiter Peltrasius Ulfila, restant un pas en retrait.

Plus loin, un homme est traîné vers une porte par deux gardes. Il ne se débat pas mais ressemble à un poids mort.

Je ne serais pas contre un verre d'eau, effectivement !, dis-je à Inigo en m'approchant de la femme.

De l'eau... bon.

Seul le buste étêté de la femme est découvert. En s'approchant, le docteur constate qu'elle est encore plus couverte de blessure que les autres corps, certaines semblent très anciennes. La peau est parcourue de marques sur le petit carré de chair que tu aperçois pour l'instant.

J'observe un peu l'homme trainé.

[observation] est'il simplement inconscient? des blessures apparente?

Et bien, en voilà de l'animation !

J'approuve d'un hochement de tête la remarque de Korail et le suit.

"Mon petit doigt me dit que le capitaine risque d'être bientôt fort occupé..."

L'homme est en partie caché par les deux gardes qui l'encadrent. On distingue ses cheveux bruns, le col de son manteau râpé, ses pantalons barrés d'une bande qui fut un temps colorée et qui, comme le reste des vêtements, ont connu des jours meilleurs. Ses chaussures ont été enlevées, la jeune fille comprend qu'elles sont passées autour de son cou. Il semble surtout rechigner à se rendre où on le conduit et joue au poids mort comme si il pouvait ainsi échapper à la suite des évènements. Devant lui, on ouvre une porte qui conduit elle aussi à un sous-sol inconnu-

Le second garde est resté auprès d'elle. Si vous voulez bien avancer mademoiselle. Elle a le temps d'apercevoir le jeune homme se retourner et lancer un regard noir dans sa direction, résigné mais brulant encore d'une rage peut-être, ou d'une passion dévorante dans ses traits grossiers. La porte se ferme.

Passée la colonnade, on voit mieux le vestibule. Les portes ont semble--t-il leur propre rituel, un groupe filtre tous les passages. Des patrouilles entrent, sortent, se préparent ou se détendent, il y a toujours une bonne quinzaine de gardes dans les parages, plus des gens divers. Vous distinguez, conduits par les escaliers par un sergent, un petit groupe de personnes qui semblent des civils, plusieurs valets qui nettoient ou transportent des caisses vers un monte-charge dans le mur de la porte, et des clercs transportant de lourds dossiers.

"Oui, oui, excusez moi pour ce moment d'égarement."

Je rejoins Korail et Gabriel.

Le garde fronce un sourcil et emboîte le pas de la jeune fille.

Je me penche pour inspecter les marques, et notamment tenter de déterminer depuis combien de temps elles les arbore pour les plus anciennes. J'essaye également de déterminer le temps entre les plus anciennes et les plus récentes.

Sans me redresser, je demande :

Inigo, quand les avez-vous trouver exactement ? Je veux dire, non seulement la date, mais également l'heure...

Inigo remplit à la louche un verre qu'il a pris près d'un broc posé près d'une colonne.

Des paysans nous en ont parlé ce matin, on me les a ramené au milieu de la matinée. Les gars allaient aux champs et ils voyaient personne depuis plusieurs jours dans la ferme. Alors ils se sont approchés...

Les marques les plus anciennes, largement cicatrisées, peuvent être là depuis plusieurs mois à première vue. Les plus récentes sont encore ouvertes.

Le médecin découvre légèrement le corps. Le cou a été tranché récemment, le sang coagulé est encore visible. Les chairs montrent un coup sec, mais plusieurs petites marques ont été faites après la mort.

L'ensemble du corps est couvert de blessures et de cicatrices. On distingue plusieurs types de marques mais il est dur de déterminer leur âge exact, certaines plaies semblant avoir été ouvertes plusieurs fois. Elles peuvent avoir au moins une année, peut-être plus car le bras a été certainement cassé et s'est réparé en créant un léger nodule que le docteur sent en déplaçant le membre. Il distingue aussi une marque sombre sur le poignet, une bande de peau mauve que l'on retrouve de l'autre côté.

La plupart des marques reprennent les motifs connus: longues marques, petites cupules comme des crochets d'araignées, marques de morsures peu profondes et circulaires. De plus près, on voit que le bord de certaine plaies semble rongé comme par un acide léger. On peut aussi remarquer des ecchymoses et des marques de coups sur le dos et les côtés.

Tant que le garde ne m'arrête pas, je continue de monter, les bras ballants.

Comme s'il ne prêtait pas attention à la scène, le masque s'approche des marches. Elles sont larges, basses, la rampe douce est presque une pente. On distingue aussi deux sillons tracés parallèlement qui servent sans doute de guide aux charges les plus lourdes.
L'escalier est large et la lumière s'y répand en abondance par une série de grandes et fines fenêtres qui suivent son colimaçon.

A quelques rebords, des piliers et des corniches, on voit que cet élégant édifice sculpté et décoré de moulures n'a pas abandonné toute ambition de défendre la tour.

Le masque met un pied sur la première marche. Le garde qui l'accompagne s'arrête un pas derrière lui.

Nous y sommes.