[Déplacé depuis PJ - Folken][Jeu] Introduction :

Sayurie, dans son voyage vers l'ouest et une nouvelle vie, a passé la frontière entre le Phaïon et le Gabriel en traversant le Grebar grâce à une caravane de Busselton qui allait chercher des pierres précieuses du côté civilisé de la Cordillère de Lucille en vue de les ramener se faire tailler par des artisans orientaux, puis de les exporter vers le Gabriel, et en particulier Dupois. Ne voulant pas faire demi-tour, elle leur joua un dernier air de shamisen et les abandonna à la Citadelle de Beaufort où le divertissement qu'elle apporta aux recrues lui valu moult compliments et propositions.

Elle repartit ensuite vers la cité du cygne blanc qu'on disait fort amatrice des belles choses, mais se heurta à une tendance qu'elle n'avait pas anticipé: la population d'une capitale artistique est certes capable d'apprécier les talents artistiques et musicaux, mais elle y est tellement habituée qu'elle porte très haut ses exigeances, au point qu'y faire valoir son talent pour en vivre sans avoir déjà une réputation bien établie ou un mécénat suffisant est presque impossible. Elle en apprit néanmoins beaucoup sur tout ce qui se fait de mieux mondialement en arts musicaux, pour le plaisir des personnes les plus fortunées du monde, et la fonte de ses maigres économies...

Mais reprit sa route vers l'Ouest après quelques mois sous l'impulsion des paroles d'Ellery Rauscant, diva baroudeuse qui, peu convaincue par ses manières de geisha, lui conseilla de porter son relatif exotisme vers une clientèle aussi cossue, cultivée, variée et intéressante mais moins experte. Dans la région des Grands Lacs, derrière La Roche, les tenanciers s'arrachent les artistes originaux pour animer les soirées des nombreux établissements qui s'y concurrencent, et l'innovation, l'exclusivité sont plus facilement accessibles dans ce microcosme que dans une métropole entière dédiée à l'art et au spectacle, ce qui lui permettrait de passer quelques temps à perfectionner sa grâce au contact d'artistes talentueux tout en trouvant scènes et logements plus facilement, en plus de l'opportunité de faire des rencontres passionnantes qui pourront lui donner sa prochaine direction comme ce fût le cas pour elle dans sa folle jeunesse.

Ainsi elle passa un temps certain sur les routes, puis à La Roche, fréquentant les meilleures auberges et salons de thés comme les petits hotels selon l'état de ses finances du jour et l'attrait que l'on accorde à ses prestations, affinant au fur et à mesure son style et ses fournitures de beauté de sorte à arriver tout à fait prête pour être certaine d'avoir un toit dès son arrivée dans les Grands Lacs.

Ayant décidé de s'y rendre pour le début de la belle saison elle se retrouve, en ce soir de premier Avril, à avoir quitté la grande route entre La Roche et l'Hélénia vers le Nord. Mais l'obscurité est tombée bien vite, presque aussi vite que le chemin qui paraissait sûr et entretenu s'est estompé dans la végétation. Heureusement la lune est pleine ce soir, et Sayurie distingue encore le semblant de sentier qui court à travers les bosquets de moins en moins rares et les herbes de plus en plus folles, mais qui semble ne mener vers nulle auberge, nulle ferme, nul village à portée de vue. La fraîcheur de la nuit printanière, elle, ne s'est pas perdue...

Sayurie continue d'avancer tranquillement, régulièrement elle prend le temps d'examiner son environnement et envoie Scylla voleter en hauteur pour repérer les lieux et la guider.
[jet d'observation]

Si après plusieurs heures (versminuit) il n'y a toujours rien à l'horizon elle se résignera à bivouaquer bien qu'elle n'apprécie guère cela...

Alors que l'avancée devient de plus en plus ardue dans les herbes hautes, Scylla te fait signe qu'un peu plus loin, quelque chose qui ressemble à la pointe d'un clocher dépasse d'un gros bosquet, et porte en lieu de croix ou girouette une sorte de croissant de lune doré.

Sayurie s'approche du clocher, elle ne cherche pas à être discrète.

Ainsi, après quelques minutes de marche, Sayurie parvient en vue d'un magnifique et impressionnant panache blanc, constitué de plantes au sol, d'arbustes et d'arbres au bois sombre portant tous des myriades de petites fleurs blanches resplendissantes dans la lumière lunaire. Et au milieu, complètement emprisonnée dans cet énorme luxuriance, on distingue la façade peinte en blanc elle aussi d'une bâtisse à mi-chemin entre la chapelle et le petit manoir, dont la grande porte et les volets noirs laissent passer de fines raies lumineuses.

Sayurie regarde la demeure interloquée puis se dit à elle-même :

"Mais ou je suis moi... elle expire profondément, en être réduite à demander mon chemin en pleine nuit"

Sayurie envoie scylla regarde par une fenêtre et faire un peu le tour de la demeure puis si il n'y a rien d'anormal elle se rapproche de l'entrée pour frapper et se renseigner.

Scylla revient vite et rapporte qu'il est difficile de voir autre chose que la façade de la maison car la végétation est dense et qu'elle s'est piquée sur une branche en allant voir la fenêtre qui de toute façon est fermée. Mais de l'intérieur proviennent quelques éclats de voix, et une odeur douce, sucrée.

Sayurie regarde Scylla posée sur son avant bras qui lui dit ce qu'elle a vue avec une expression de tristesse comme si elle avait l'impression de décevoir ça maîtresse. Sayurie lui caresse les cheveux du bout des doigts pour lui redonner le sourire et la fait rentrer dans sa cachette.

Puis celle-ci s'avance discrètement pour chercher l'entrée de la demeure et essayer d'entendre ce qu'il se passe à l'intérieur.
[Discrétion+observation]

Pendant l'approche de Sayurie sur la pointe des pieds, elle se rend compte que de toute la campagne environnante, le seul et unique bruit audible c'est elle qui le provoque en marchant. Pas un grillon, pas un oiseau de nuit, pas un brin de vent, rien que les brindilles sous ses pieds. Et quelques instants plus tard, toute proche de l'édifice, elle reconnaît l'odeur du saké mêlée à d'autres odeurs sucrées et fruitées, et constate que la poignée comme le heurtoir de la grande porte de bois noir vernis sont aussi en forme de fins croissants de lunes, argentés cette fois. Comme Scylla l'avait rapporté, des bruits étouffés semblant des voix humaines et des bruits de pas s'échappent difficilement, marquant indéniablement une activité à l'intérieur.

Apparemment, aucun changement à son approche, si on l'a détectée rien ne le laisse soupçonner.

Sayurie regarde fixement la porte avec un visage totalement inexpressif et en se grattant légèrement le bout du nez avec son ongle...

Dans un élan d'énergie elle se décide à coller son oreille contre la porte et à essayer de voir par les interstices.

[Observation, le jet est déjà fait, c'est le 2ième normalement)

Au plus près de la porte, Sayurie parvient à identifier les sons comme ceux d'une conversation animée, entrecoupée de rires, de bruits de pas et de silences. Apparemment il y a plusieurs voix qui se répondent, aucune n'ayant l'air d'appartenir à un homme mature, mais il reste difficile de savoir s'il s'agit de femmes ou de jeunes personnes. Ensuite, elle essaye de voir par différentes fentes autour de la porte, et identifie une pièce au sol de lattes de bois, qui n'a pas l'air très profonde, bien éclairée, et en face de la porte le mur est fait de papier tendu sur un cadrillage de bois à l'orientale. Pas de meubles ou décorations visibles.

Sayurie tape à la porte, à plusieurs reprise si nécessaire pour qu'ils entendent.

Après la première salve de coups, la poignée tourne doucement, et la porte est tirée vers l'intérieur par une jeune adolescente au sourire accueillant, les cheveux blonds remontés en deux petits chignons, et une robe rose pâle qui semble imiter par sa coupe et ses dentelles les uniformes de soubrettes. Derrière elle la pièce est effectivement vide, sans autres fenêtres que celles de la façade, et les trois autres murs que celui du fond sont en pierre. Une grande lanterne au plafond de bois semble être la source de la lumière ambiante, et l'odeur de saké se fait plus présente.
"Bonsoir mademoiselle, vous tombez bien, entrez, entrez, je vous en prie, il doit faire frais dehors, et en plus ça a déjà commencé !" dit-elle, s'inclinant et invitant Sayurie à entrer très poliment.

Moklo a écrit:

"Bonsoir mademoiselle, vous tombez bien, entrez, entrez, je vous en prie, il doit faire frais dehors, et en plus ça a déjà commencé !"

Sayurie toise la jeune fille et la regarde de bas en haut quelques secondes puis dit :

"Je ne suis qu'une voyageuse égaré désirant demander son chemin, comment pourrais-je bien tombé? D'ailleurs ou suis-je?"

A l'air dubitatif de Sayurie, la jeune fille se mordille la lèvre, comme inquiète d'avoir fait une bêtise, rougit, puis marmonne:
"Eh bien euuuh, vous tombez bien car, vous savez, le coin est peu fréquenté, et les nuits y sont fraîches... Alors trouver une maison aussi accueillante à cette heure-ci, c'est bien tomber tout de même... non ? Vous ne voulez... vraiment pas entrer.. ?"

Sayurie la regarde fixement quelques seconde.

"Ou suis-je? Chez qui?"

"Eh bien... en pleine campagne, je ne peux pas vous situer mieux, et sur le pas de la porte de chez Madame Kurayami... Nous fêtons un anniversaire ce soir ! Et nous avons sûrement de quoi vous loger, et vous nourrir..." Elle rougit un peu plus. "... si ça ne vous dérange pas de vous coucher un peu tard ou de manger du gâteau accompagné de saké..."

"Hmm... soit, je suis musicienne peut être votre maîtresse voudra que j'anime votre fête moyennant le gîte et le couvert. Amenez moi à elle."

La jeune fille sourit, visiblement soulagée, et t'enjoint à entrer.
"Oh, vraiment ? Je me disais bien qu'il manquait quelque chose à la fête, c'est merveilleux !"
Alors que tu entres enfin dans la pièce éclairée, la porte se referme seule derrière toi dans un grincement, suivi d'un petit clic mécanique.

Sayurie suit la servante, au bruit de la porte et de son clic celle-ci s'arrête une demi-seconde et regarde derrière elle du coin de l'oeil, puis elle continue d'avancer comme si de rien. Non sans se dire intérieurement qu'elle va devoir être très attentive à ce qu'il se passe car elle n'a pas confiance.

"Oups ! J'allais oublier, si vous voulez je peux vous débarrasser de vos affaires superflues. Votre paquetage de voyage risque de vous encombrer au cours de la fête, je suppose... Enfin, comme vous voulez hein...", dit-elle, ne s'attendant visiblement pas à une confiance absolue et spontanée...

Sayurie fixe la jeune femme quelques secondes. Elle semble s'amuser de jouer avec son malaise.

"Cela ne sera pas nécessaire je n'ai que ma petite sacoche et mon instrument, je voyage léger..."

La jeune fille, toujours un peu confuse, attrape un des cadres de bois du mur du fond, et le tire pour le faire coulisser sur le côté, vers elle.

Par la porte ainsi créée, s'offre à ta vue une sorte de jardin intérieur éclairé par la pleine lune, dont un côté est occupé par une petite mare bordée de cailloux et de bambous, et l'autre par trois tables de bois verni entourées de bancs. Autour de tout ça, le bâtiment forme un hexagone, et sur chaque face on retrouve le même type de murs de papier sur quadrillage de bois, surplombés d'une avancée du toit de tuiles rouges et profitant d'une avancée du parquet à l'extérieur, comme un trottoir ou un chemin de ronde couvert.

Les tables sont encombrées de plats fumants bien entamés, d'un gros gâteau aux fraises orné d'une bougie dont il manque quelques parts, et de nombreuses bouteilles de céramiques dans lesquelles on mets typiquement du saké dont certaines sont déjà couchées, probablement vides. Un espace vient apparemment d'être dégagé sur celle du milieu pour une gros pot de céramique blanche à motifs de poissons rouges stylisés, et une planche de bois sur laquelle sont disposés des sortes de petits gâteaux noirs cylindriques, et une grosse plume noire.

Entre la mare et les tables, un grand divan en fer forgé, tendu de velours rouge rebondi, et une table basse de bois laqué noire sur laquelle sont disposés plusieurs petites coupelles de verre, petites assiettes, baguettes et bouteilles, la plupart vides.
Sur le divan, une belle femme est langoureusement allongée sur la côté, appuyée sur l'accoudoir et une coupelle à la main qui semble levée en un salut vers le ciel. Elle porte une longue robe fendue violette à motifs de papillons noirs qui laisse voir ses jambes démesurément longues, et aux pieds nus. Ses très longs cheveux noirs et raides serpentent sur le divan et son corps, touchant presque le sol.
Courbé auprès de la table basse à s'affairer avec les bouteilles, un grand et mince jeune homme en uniforme noir serré à boutons d'or, ses cheveux courts et peu coiffés aussi noirs que ceux de la femme, et une paire de petites lunettes aux verres oblongs portée bas sur le nez.

Quand tu entres, tu remarques qu'au même moment, sur les cinq autres murs de l'hexagone, coulissent des portes semblables à celle que tu viens de franchir, révélant à chaque fois un individu, seul comme toi.