[Déplacé depuis PJ - Pilami] [Spoil] Prologue et Esquisse

Depuis quelques jours, tu occupes une petite chambre dans une pension de Neria, à l'est de la cordillère de Tol Jaegren. Nous sommes au début d'avril 989 et le climat t'as plutôt été favorable pour parcourir la région en cherchant des sujets.

Le spectacle le plus fascinant cependant, ce sont les préparatifs de la fête de Sanctus qui approche. Tu ne reconnais plus la petite ville animée où tu avais pris l'habitude de repasser régulièrement ces dernières semaines. Le marché s'est assoupi, les rues se sont comme endormies, les gens semblent hésiter à lever la voix. Le changement le plus important est cependant visuel.

En effet, la ville se couvre de rouge et de noir, les maisons, les enseignes, les luminaires, même les grilles sont tendues de draps, des estrades sont dressées et la cathédrale est lavée à grands frais, des vitraux polis aux statues repeintes.

Toute la ville, que tu contemples depuis la fenêtre de la chambre spartiate que tu occupes, semble se plonger dans la piété et le recueillement. Même les troquets sont abandonnés.

La fête de Sanctus est un évènement à ne pas manquer, Khôril pense donc rester quelques temps en ville, et ne pas repartir (que ce soit pour aller chercher l'inspiration dans la campagne alentour ou continuer son voyage vers Abel) avant le milieu du mois.

Toujours est-il que Khôril décide d'aller faire un tour en ville plutôt que de rester enfermer dans ce réduit.... se dégourdir les jambes, s'imprégner de l'atmosphère qui règne en ville, et sûrement qu'en fin de journée ses pas le porteront vers la cathédrale pour assister aux vêpres.

Après avoir mis son carnet et un crayon en poche, il attrape son chapeau et quitte la chambre (et s'il a une clef, il ferme derrière lui).

Tu fermes à clé.
La pension est cossue et monotone, un tapis vert un peu élimé, des dentelles sur les meubles grossiers et les gravures simples et colorées qui la décorent ne masquent pas le caractère frustre de la veuve Grech qui tient la maison et t'attend au bas des escaliers.
Elle se tient toute la journée sur un fauteuil arrondi, tissant de ses mains d'araignées de nouvelles dentelles pour garnir les draps, les rideaux, les meubles, jusqu'aux vêtements des habitants des lieux.

La veuve se lève parfois dans un chuintement de soie sombre pour surveiller le travail des trois filles de la maison. Elle est cependant là pour t'accueillir dans sa moustache fine en murmurant une vague salutation.

Le petit salon aux meubles rebondis donne sur une porte vitrée qui débouche sur la rue, à travers un jardinet dépouillé.

Je la salue d'un air enjoué.

"Bonjour madame Grech ! Qu'est-ce-que vous tricotez de beau aujourd'hui ?"

Elle renifle

"Je prépare la fête, jeune homme, et vous devriez faire de même il me semble..."

Dehors, un groupe de voyageur passe dans la rue.

Elle tricote effectivement une sorte de dentelle sombre qui rehausse une petite pièce de tissu écarlate.

Toujours aussi renfrognée, la mère Grech...

En traversant d'un pas rapide la pièce vers la porte, Khôril répond :

"Rassurez-vous, je vais de ce pas voir l'avancement des des préparatifs en ville !"

"Passez une bonne journée" achève-t-il en passant le pas de la porte.


Je regarde les voyageurs en essayant de deviner d'où ils peuvent venir.

Tu entends ce qui semble une réponse étouffée derrière toi lorsque tu passes la porte.
La rue est bourgeoise, même si tu sais qu'on peut s'y loger pour un prix assez bas, pour peu qu'on dorme sous les toits. Elle reste proche des remparts et loin des beaux quartiers mais les habitants y ont une sorte de fierté reluisante qui rend les lieux presque cossus.

La porte d'Archange est sur ta droite, avec la Tour Artès qui la surplombe., le marché sur ta gauche.

Ceux qui viennent d'arriver débouchaient de la place derrière les portes, ils semblent venir d'un village assez proche car, ne seraient-ce les bâtons et les manteaux poudreux qui les équipent, tu les aurait pris pour des habitants du lieux.

D'autres personnes arrivent dans la ville, tu aperçois les portes depuis l'endroit où tu te tiens.

Je m'engouffre dans la circulation de la rue et décide de suivre le flot. Je ne suis pas pensif, plutôt aux aguets, attentif à ce qui pourrait frapper ma curiosité.

L'animation de la rue est lente, comme recueillie. Les habitants sont habillés modestement et semblent occupés à parer leur cité de pourpre et de deuil.
Un enfant tient une pile de drap sombre près d'une fleur qui ne demande qu'à éclore en ce début de printemps, en bouton éclaté.
Un pigeon presque blanc passe un instant devant le draps sombre.
Une vieille dame en blouse tachée monte un drap rouge lumineux autour d'une petite statue d'un jeune enfant sur un petit cheval.
Un chien passe, reniflant le pavé.
Devant toi, il y a le marché.

Je continue à déambuler vers le marché.

Le marché est une place entourée de colonnades qui protègent des échoppes tandis que des étals occupent l'espace dégagé autour d'une grande fontaine. Il y a peu de monde aujourd'hui et les marchands sont assez silencieux, prenant juste la peine de saluer les gens et vantant leurs produits presque à mi-voix.
Au dessus des arcades, les maisons de pierre ont les façades lourdement ornées et les fenêtres cintrées en ogives.

Tu regardes autour de toi et parmi les passants, tu distingues un sujet curieux, habillé de multiples couleurs, il a le visage peint comme si il sortait de scène. Tu le distingue, mais un groupe d'hommes portants de lourds tissus te fait le perdre de vue.

Étrange, de voir quelqu'un d'aussi étrangement accoutré, dans cette atmosphère de recueillement.

Cet inconnu a piqué ma curiosité. Je presse le pas pour tenter de le retrouver.

Tu arrives à l'apercevoir à plusieurs reprise. Soudain, dans l'allée entre deux étals, il se tient devant toi.

Le personnage te tourne le dos et se dirige vers les colonnades. Il porte effectivement un costume de scène, vert et violet, des chausses pointues avec des grelots, une capuche et un visage pâle et rigide, tu ne l'as pas vraiment aperçu, qui pourrait être un masque.

D'autres personnes dans le marché le dévisagent d'ailleurs sans se gêner, ce qui ne semble pas le formaliser outre mesure.

Je le suis, sans accélérer trop le pas (tant qu'il ne ralentit ou ne s'arrête pas, je serai toujours à distance)°.

Une personne vraiment étrange... je me demande ce qu'elle fait ici. Je ne me rappelle pas avoir croisé de troupe de comédiens pourtant...

Tu es à quelque pas derrière lui et il semble observer avec attention un grand vase vendu par un marchand dont la boutique contient une gamme variée de pots, assiettes, amphores et autres assiettes. Il passe les mains sur sa nuque.

Soudain, il se retourne.