[Déplacé depuis La Campagne] [Aventure] Un autre chemin?

La ville est résonne de bruits assourdis et de conversations étouffées comme si elle marchait sur la pointe des pieds.
La vieille dame habillée comme les façades, le majordome et les ménagères qui font les courses sentent les locaux à plein nez. Le jeune daevar chapeauté fait face à un visage surprenant, un masque en métal, laqué peut être, ne laissant que la place pour les yeux et une fente fine qui suit le dessin de la bouche. Le personnage qui le porte fait quelques pas rapidement et l'accoste avec une petite révérence bonhomme.

"Bien le bonjour jeune homme ! Je peux me tromper mais vous m'avez l'air aussi typiquement issu du terroir local que moi... Malheureusement ces tristes façades ne semblent pas abriter d'établissement propre à recevoir mes époustouflantes prestations. Aussi en viens-je à quémander les bons tuyaux : peut-être auriez-vous croisé un lieu qui ait encore l'air vivant et souriant dans le voisinage ?"

Khôril sursaute, légèrement surpris par cette approche un peu... soudaine.

"Bien le bonjour... (il hésite, tentant de déchiffrer l'identité cachée derrière ce masque androgyne) Messire ?Pour ma part je me prénomme Gabriel, et si je ne suis pas de la région, je la parcours depuis quelques temps. Pour répondre à votre question, toute activité semble avoir disparu depuis que les préparatifs de la fête de Sanctus ont commencé... Je crains que vos recherches ne soient hélas difficiles.

L'homme(ou alors la femme à la voix pas féminine et sans poitrine ni hanches larges) masqué soupira en prenant une pose tragique, le dos de sa main gantée de blanc appuyée sur son front factice :
"Ah ! et ils osent appeler ça une "fête"... Il me reste donc plus qu'à trouver un endroit où me terrer en attendant que ça passe et que les caravanes repartent, je suppose. Il paraît que les gens tristes se vexent si l'on sourit trop à côté d'eux..."
Il tend la main qu'il enlève de son front à Gabriel, le regardant dans les yeux, la tête légèrement penchée.
"Et si d'ici là vous croisez des voyageurs en mal de divertissement, n'hésitez surtout pas à leur dire que le magnifique Korail est quelque part en ville, très occupé à se morfondre et à chercher un endroit pas trop onéreux où dormir sans croiser de grincheux."

Les cloches de la cathédrales se mettent à sonner, reprises en contrepoint par plusieurs petites églises disséminées dans la ville.

On doit approcher de midi, le soleil est haut. Sur la place, les marchands recouvrent de draps ou de caisses leurs étalages. Dans l'allée, les passants qui vous côtoyaient se dirigent vers les extrémités de la place.

Un âne se met à braire au milieu du marché.

[Je ne remarque pas encore le mouvement de foule]

"Je n'y manquerai pas."

Puis, après une courte pause :

"Vous parlez de "divertissement"... seriez-vous comédien ? Je suis intrigué car je n'ai jamais vu de personne se promenant en permanence avec un masque... du moins pas en dehors des spectacles."

Korail, voyant que sa main tendue n'a pas grand succès, la porte à son menton, pliant l'autre bras pour soutenir son coude dans une expression soucieuse.

"Comédien ? Quelle idée ! Il serait bien ennuyeux de devoir jouer en arborant qu'une unique expression, aussi joviale fut-elle, vous ne croyez pas ? Non non, je me sers davantage de mes mains que de mes mots, elles sont de loin plus précises. Mais je vois que tout le monde s'en va. Une sorte de messe se prépare, vous pensez ? Importante au point que toute la marchandise soit laissée là ?"

Tandis que vous parlez, la place semble se figer, se vider.

Un petit vent rafraîchit la journée de printemps. On entend la cascade au milieu de la place.

"Oui, les messes sont courantes pendant la semaine de Sanc..."

Alors qu'il lève les yeux vers l'entrée de la cathédrale, Khôril s'aperçoit soudain de l'étrange ambiance qui règne sur la place.

[Se figer ? Tu peux décrire un peu plus clairement, en demandant si besoin est un test d'observation ?]

Il ouvre la bouche, s’apprête à commencer une nouvelle phrase mais s’interrompt subitement.

"Nous devrions y aller, ne pensez-vous pas ?"

Remarquant aussi le silence et l'immobilité de l'endroit -pour une place de marché qui comportait un âne, c'est notable-, Korail s'étire comme pour se préparer à se remettre en mouvement, faisant craquer ses doigts au-dessus de sa tête.

"Ma foi ! Pourquoi pas. Cette place était déjà ennuyeuse quand elle était fréquentée, là on est au bord du coma. Autant aller profiter du 'spectacle', si on peut appeler ça comme ça. Je vous suis !"

Vous êtes pour l'instant toujours sous la colonnade. Les vendeurs des boutiques alentour ont tiré des draps et des toiles sur les articles proposés à la vente. Les vendeurs, d'ailleurs, ont disparu. Les clients, eux aussi sont absent. En lorgnant dans les boutiques, qui n'ont pas de vitrine, on voit certains vendeurs assis, ils semblent attendre et parlent à mi-voix.
Sur la place, ne serait.ce le bruit des volailles et autres animaux, on se croirait le soir. Les marchands sont invisibles et les derniers clients quittent les lieux.

"Ne perdons pas de temps dans ce cas", répond Khôril en se dirigeant vers l'entrée de la cathédrale.

Comme il l'avait dit, Korail le suit, les mains derrière le dos, calmement.

Si le marché est près de la porte, la cathédrale est assez éloignée, presque au centre de la ville. Vous pourriez revenir en arrière et emprunter la route principale, Khôril cependant s'engage résolument droit devant lui vers la sortie opposée.

Ici, nous avons quelques entrepôts puis des quartiers populaires d'habitation qui fournissent à la fois la main d'œuvre des entrepôts, tanneries et manufacture de la ville mais aussi la clientèle majeure du petit marché que vous venez de quitter.

Les entrepôts, des bâtiments sans grâce qui prolongent les murs du marché en laissant un espace restreint mais suffisamment large pour permettre à la marchandise de passer, sont moins décorés que la ville.

Une maison par contre est recouverte de draps et d'ex-voto. Entre deux entrepôts, c'est sans doute la maison où se traitent les affaires. Quelques personnes sont assises avec nonchalance sur des siège au soleil devant la façade.

A moins que ça n'intéresse Gabriel ou que l'on nous interpelle, je m'en cogne et continue.

Je continue.

Vous vous engagez donc dans une allée étroite entre deux entrepôt. L'endroit est sombre, un peu puant, et les pierres des murs suintent assez pour luire délicatement.

Il vous semble même percevoir un mouvement dans la cour derrière l'entrepôt, un rat certainement, les riverains qui vivent tassés dans des maisons à plusieurs étages déposent leurs déchets à même les pavés.

La ruelle devant vous est assez droite mais sombre. Des rubans pendent à l'entrée, rouge et noir.

J'attire l'attention de Gabriel en lui tapotant l'épaule du doigt:
"Ahem, déjà que la ville ne respire pas la bonne humeur, là c'en est même repoussant... Vous êtes sûr que nous allons vers le centre festif ? Si vous avancez au hasard, je préfèrerais d'autant que nous rebroussions chemin et passions par la voie principale. Qu'en dites-vous ?"

"Et bien... certes, cette rue semble peu avenante, mais du marché nous apercevions les tours de la cathédrale, et c'est sur elles que je me suis guidé. Nous allons donc bien - sauf si j'ai totalement mésestimé mon sens de l'orientation, ajoute--t-il avec un petit rire sec, - vers le centre-ville. Bien sûr, si le chemin vous rebute trop, il est toujours possible de passer par un autre côté."

Korail soupira, puis remit ses mains derrière sa tête comme au marché : "En ce cas, ne traînons pas plus que de raison, il ne faudrait pas que l'odeur s'imprègne !"
Puis il entreprit de traverser l'endroit glauque en trottinant/sautillant d'un endroit pas trop nauséabond au suivant.

Vous passez donc dans l'ombre entre deux maisons, un couloir un peu encombré et vaguement tortueux. Les murs sont aveugles, quelques tonneaux, des dépendances grossières rendent le passage sinueux.

Un enfant joue dans un coin, poussant quelque chose de son bâton.

Au bout de l'allée, la lumière semble aveuglante, en fait, on débouche simplement sur une petite rue proprette et bien pavée, aux façades riantes mais endeuillées par les draperies.

De la ruelle, vous ne voyez personne dans la rue.

Je tourne sur moi-même au milieu de la rue pour la voir toute entière, une main au-dessus des yeux pour les protéger du soleil.

"Eh bien vous aviez raison, on dirait ! C'était simplement le coin le plus moche de la ville... ce pour quoi il ne s'agit que d'une voie secondaire je présume. Ca m'apprendra à douter de vous dès que le chemin s'assombrit..."

Ravi de quitter les bas-fonds, Khôril répond avec un sourire :

"Avec un peu de persévérance, on arrive à tout..."

En sortant de la ruelle, je ferme les yeux quelques instants et pousse un soupir de contentement en sentant à nouveau la chaleur du soleil.

La rue pavée est droite, éclairée et bordée de façades pimpantes. Elle permet au moins à un chariot d'y passer et est bordée de deux fins trottoirs et caniveaux.

Les maisons de bois ornées et peintes sont assez basse, les façades donnent l'impression d'une multitude de constructions et de nombreuses ruelles serpentent entre chaque habitation, chacune semblant convenir à une famille.

A chaque extrémité de la rue, vous en apercevez une nouvelle, perpendiculaire.

Partout, les draps noires et rouge dominent la scène.

Les rues sont presque vides, quelques silhouettes apparaissent parfois un bref instant sur les perpendiculaires. Vous sentez des odeurs de nourriture autour de vous, et quelques conversations vous parviennent par les fenêtres ouvertes.

Murmurant à moitié pour lui-même :

"C'est quand même fou ce que la ville a changé depuis mon dernier passage..."

Puis, secouant la tête, il reprend d'une voix plus audible :

"Bon, il s'agit maintenant de savoir où aller !"


[MJ :Peut-on apercevoir la cathédrale - ou un quelconque autre édifice particulier - au-dessus du toit des maisons pour se guider ?]

La cathédrale dont on distingue aisément les flèches de presque partout dans la ville est devant vous, un peu sur votre droite lorsque vous sortez de la ruelle.

[N'hésitez pas à demander des détails]