[Déplacé depuis La Campagne] [Aventure] La pension

Les rues désertes et obscures sont traversées par les pas de deux chevaux et la conversation d'un petit groupe. Les maisons propres qui composent la rue ont un air sinistre, veillant sur des passants absents, dans leurs grands drapés comme les habits de sénateurs sévères.

Le petit groupe arrive bientôt devant une maison aussi peu illuminée que les autres. Elle est sur la gauche de la rue, dans leur sens, et une flasque à feu remplie d'huile éclaire un peu l'angle de la maison suivante.

Il n'y a personne en vue, à part le petit groupe.

"Serions nous arrivés? En tout cas je ne serais pas contre un bon bain chaud."

J'examine le devant de l'auberge à la recherche d'une barre d'attache ou chose similaire.

Il s'agit d'une pension, une demeure bourgeoise qui ne détonne pas sur le reste de la rue. Quelques marches mènent à un petit porche, une cour entourée d'une balustrade de métal fait l'angle gauche, l'angle droit s’appuie sur la maison voisine.

La maison fait deux étages et aucune lumière ne filtre à travers ses fenêtres hautes et ses chambranles en arc.

Je reste légèrement en retrait, laissant l'initiative à Gabriel de rentrer en premier. De même que Kalhan, je me demande ce que je vais faire de mon cheval...

On trouve régulièrement des anneaux de métal sur les bornes des trottoirs.

J'attache Carotte et prend mes affaires, et attend que Gabriel entre.

Je monte sur le perron et donne quelques coups à l'aide du heurtoir.

"Madame Grech ?"

Seul le silence répond.

Je m'approche de Gabriel, et m'adosse au mur, jambes et bras croisés, tête baissée. D'un ton conspirateur:
"Mmmm... Vous croyez que nous arrivons simplement trop tard ? Ou peut-être qu'autre chose se trame..."

On entend au loin la rumeur de la foule et une enseigne grince au bout d'une tringle de fer, balancée par le vent.

Pendant que Gabriel frappe à la porte, j'attache mon étalon puis lui caresse le museau.

L'animal renifle et s'ébroue.

"Tu a été exemplaire mon bichon."

Je me retourne en direction de la porte tout en caressant Fury et en réponse à Korail:

"Ou alors les tauliers sont partis participer aux festivités."

J'appelle de plus en plus fort, mais la façade restant désespérément fermée, je me retourne vers les autres, l'air dépité :

"Je suis confus... je ne m'attendais pas à me retrouver devant une porte close."

Après quelques instants de réflexion, je réponds à Kalhan :

"Je crois en effet me souvenir qu'elle faisait des préparatifs pour la fête... de la couture, me semble-t-il... mais s'il la retrouver dans la foule, cela risque d'être malaisé.

Un peu de brume s'enroule autour des pieds de l'étalon qui s'ébroue les paturons en la dissipant. La rue est toujours vide.

Je regarde par une fenêtre, je ne cherche pas à être spécialement discrète.

[observation]

Difficile de voir quelque chose derrière les rideaux brodés à la main dans l'obscurité. On distingue un vestibule, avec une volée de marches qui monte vers l'étage et quelques meubles, un fauteuil, une table basse, dont on aperçoit vaguement la forme dans les ombres.

Je me tiens toujours un peu en retrait, avec mes affaires sur l'épaule.

La retrouver est à mon avis chose impossible. De plus, nous ne voudrions pas la déranger pendant la cérémonie, n'est-ce pas ? Mais attendre risque d'être long... Peut-être pourrions-nous trouver quelque endroit où nous restaurer, même si j'ai bien peur que tout soit fermé.

Posant la main sur l'épaule de Gabriel et me rapprochant de son oreille, le dos courbé et l'autre main sur la hanche:

"Dites, à la limite, si une chambre est réservée... on est en droit d'en prendre possession... non ? Sinon, on est condamnés à errer dans ces ruelles pleines de radis une bonne partie de la nuit... Moi j'dis ça..."

Je dégaine mon arme et me tourne vers la rue:

"Sortez de votre cachette!"

Je lâche immédiatement la proximité de Gabriel et me tourne aussi vers la rue, tout en reculant et faisant mine de m'adosser au mur à côté de la porte d'entrée.

"Quand on parle du légume... en espérant que ça n'soit qu'ça."

Plongé dans d'intenses réflexions pour essayer de me souvenir d'indices pouvant me révéler comment rentrer dans la pension quand la soirée s'avance, un mouvement soudain de Kalhan me ramène à la réalité.

Je pivote alors rapidement pour me retourner face aux ténèbres de la rue, levant la torche pour essayer de percer l'obscurité.

"Qu'y a-t-il ?"

Je me raidis lorsque je vois Kalhan dégainer...