[Déplacé depuis La Campagne] [Aventure] L'heure des Premiers Brasiers

Je continue jusqu'à la place.

Sur la place, on ne trouve à présent que quelques badauds égarés et quelques groupes qui attendent de remonter dans la foule. La cérémonie devient dure à suivre pour ceux qui sont à la périphérie: des groupes semblent se former et on passe de la nourriture à l'intérieur de ces petits cercles.

Pendant ce temps, sur la place, un des hommes en costume se dirige à grand pas vers les deux chevaux.

Le masque n'est pas visible pour ses camarades, à première vue du moins.

Etant resté dans mon coin de place pour observer l'action salvatrice des costumés, je me permets de constater enfin que mes compagnons débarquent les uns après les autres sur la place. Sortant de mon renfoncement pour les rejoindre, je les hèle sans hausser la voix, et la main du côté de la foule en porte-voix pour ne pas les déranger de trop.

"Pssst, par ici messieurs, mademoiselle, content de voir que vous avez pu me suivre. C'est dingue ce qu'ils sont excités ces badauds dès qu'il y a du feu dans le coin. Pire que des animaux !"

Je caresse le museau de la jument pour finir de la calmer:

"Tu nous a fait une sacré frayeur toi."

Je m'approche de Carotte et lui donne une tape sur l'encolure, tout en m'adressant à Kalhan :

Merci de votre aide. Je n'aurais jamais dû tenter de passer dans cette foule...

"Un cheval correctement dressé n'a pas peur de la foule sinon de nombreux chevaux paniqueraient dans les marchés. Par contre ce maudit capitaine aurait pu nous prévenir qu'une procession se préparer dans cette rue, on aurait attendu."

Je me retourne vers Fury et le récompense de quelques caresses.

Tandis que vous devisez, la foule semble organiser un grand repas dans la rue. De petits groupes se créent autour de braseros ou de foyers.

Maintenant que la foule est presque calmée sur la place, quelques-uns des hommes en costumes se sont approchés. Ils portent tous trois une tenue noire, simple mais élégante et un chapeau tricorne recouvert de plume. Le premier est un petit homme rond, le visage rougeaud et couvert de transpiration. Il est recouvert de plaques et de médailles par dessus son écharpe écarlate et se frotte le front avec un mouchoir de dentelle. Les deux autres, aux bras épais, le dépassent d'une bonne tête et ressemblent à deux commis de boucherie attifés pour l'occasion. Ils en ont largement la carrure et le visage poupin de ceux qui suivent.

Le petit homme s'approche de vous et, la voix un peu suraiguë comme si il cherchait à se contrôler:

Alors il faudra m'expliquer pourquoi vous êtes venu avec un cheval!

Répondant à Korail:

"Nous sommes peut être la cause de ce grabuge."

Puis à l'homme, essayant de calmer les choses, sur un ton confu et sincère:

"Milles excuses pour les problèmes que nous avons engendrés. Nous ignorions qu'une procession se préparer dans la rue sinon nous ne nous serions jamais engagé dans cette rue. Cela ne se reproduira plus promis."


[persuasion]

Devant ton air désarmé, il renifle:

Vous feriez mieux de les ramener où vous descendez, la cérémonie va durer encore longtemps. Allez, et soyez content que je ne prévienne pas le guet. D'ailleurs je ne comprends pas où vous voyez une procession.

Et il s'éponge à nouveau avec son mouchoir fin visiblement détrempé.

Je me rapproche du personnage en reprenant un peu de contenance :

Justement, nous arrivions en ville, et nos deux compagnons ici présents (je désigne Korail et Gabriel) nous menaient à leur auberge. Encore une fois, monsieur, nous vous présentons nos plus plates excuses pour le désagrément causé et vous remercions grandement de l'aide que vous et vos hommes nous avez apporté. Nous vous souhaitons une agréable soirée.

J'attends de voir sa réaction avant de tirer ma révérence...

Il te jette un regard plus matois qu'il n'y paraît, s'éponge le front une nouvelle fois puis.

Bien, bien... Vous auriez mieux fait de vous renseigner... Bon, le repas a commencé, je vous laisse, faites attention la prochaine fois.

La bagarre est terminée, le groupe costumé se rassemble à présent, l'homme leur jette un regard.

Sur ce, que la foi vous garde.

Je salue respectueusement l'homme.

M'adressant à Korail et Gabriel:

"Messieurs, je vous laisse nous guider."

Il se désintéresse rapidement de vous et retourne vers le groupe qui l'attend. Contournant les convives recueillis du festin, ils traversent la foule et se perdent rapidement dans la rue illuminée.

La place est presque déserte. Quelques gardes et quelques serviteurs sont seuls présents, près de la porte ou d'une citerne selon qu'ils surveillent ou amènent de l'eau pour la grande fête.

"Que la foi vous garde vous aussi, messire"

Je réfléchis quelques instants pour me remémorer le quadrillage des rues de la ville, puis désigne l'une des artères quittant la place :

"Si nous prenons ce chemin, nous devrions déboucher dans quelques minutes devant le logis de Mme Grech. Par chance, je vois que notre ami masqué a pu dénicher une torche qui nous sera fort utile dans ces ruelles obscures."

Les rues sont effectivement très sombre, à l'exception de la Grande Rue en fête. L'éclairage public n'est pas entièrement allumé, laissant la ville dans l'obscurité.

Je tiens d'ailleurs le flambeau à bout de bras tendu, que je dirige vers l'artiste à sa remarque :
"Et je vous en fais cadeau ! Si nous devons vous suivre, autant que vous fassiez fuir ombres trompeuses et radis affamés."

Je fait le tour de mon étalon vérifiant qu'il n'a pas pris de mauvais coup dans la cohue.

Je reprends les rênes de Carotte en murmurant un merci gêné à l'attention de Kalhan, puis me dirige dans la direction indiquée par Gabriel.

Alors allons-y !

"Comme vous voudrez" dis-je à Korail en prenant le flambeau d'une main assurée.

J'espère seulement que ces bestioles dorment la nuit...

Je m'engage dans la rue, torche levée bien haut pour scruter les ténèbres.

A plusieurs reprise, la foule entonne un bref chant ou lance un répons enflammé. C'est presque le seul bruit dans la ville. Il y a bien un frottement par ci, un glissement par là, un volet qui claque.

Mais l'obscurité est paisible, la rue déserte, les maison éteintes. Ici ou là, une flaque de lumière marque l'endroit d'un des rare luminaire utilisé ce soir.