[Déplacé depuis La Campagne] [Aventure]Le Guet

Tout en suivant le groupe, avec un ton ferme mais polie:

"Capitaine, pas que je m'impatiente mais où nous emmenez vous? Les sous-sol d'une tour ne me paraisse pas vraiment propice pour une discussion non?"

Après avoir légèrement pouffé au "dévoué Korail", je continue de marcher en zyeutant tous azimuts, adaptant ma cadence et mes centres d'intérêts architecturaux aux personnes qui parlent, pour n'en pas louper une miette.

Je perds le compte du nombre de marches que je suivais mentalement jusque-là en répondant à la jeune fille :

"Tout dépend de la discussion..."

Le capitaine hoche la tête tandis qu'il contemple un instant un feuillet qu'il a tiré de la poche de son manteau.

Pardon jeune fille mais le sous-sol d'une tour convient parfaitement à la conservation.

La fraicheur se fait plus sensible tandis que vous arrivez à un pallier. Une lourde porte s'y trouve et Opiter Peltrasius Ulfila prend une lourde clé qu'il insère dans la serrure.

A dire vrai, docteur, mes hommes sont en train de ramener le véhicule qu'il ont trouvé sur la route du nord, mais je vais envoyer une patrouille vers les montagnes.

La clé joue avec peine et un léger grincement dans la serrure. La porte s'ouvre vers l'intérieur, silencieusement. Vous êtes arrêtés sur les dalles froides des marches.

Opiter Peltrasius Ulfila s'avance dans la salle en vous faisant un geste.

Voila docteur, vous allez mieux comprendre.

Le froid se fait plus fort, la lumière crue des lampyridae tremble parfois un peu. La pièce, un peu en contrebas après une nouvelle volée de marches, est longue, presque aussi haute que large, les pierres massives se terminent par une ogive adoucie qui contient la bande de lampyridae diffusant la lumière. On trouve à l'intérieur plusieurs brancards et des blocs de glace qui fondent doucement entre les piliers.

Sur plusieurs des brancards, sous des draps blancs, on distingue clairement la silhouette d'un corps.

Un garde sort à la rencontre du capitaine d'une petite salle dans la paroi.

En fait, Capitaine, je venais du Nord en direction des montagnes. Ce doit être mon char...

Ma phrase meurt quand je découvre la salle.

Que s'est-il passé ?, dis-je en m'avançant.

Je comptais sur vous pour me le dire, justement, si vous me suivez. Inigo va vous montrez ceux qui nous intéressent. Il vous suffit de savoir qu'on les a trouvés sur la route. Pendant ce temps, je suis curieux de voir ces dessins, si vous voulez bien m'accompagner dans la boucherie. en se retournant vers le reste du groupe.

je suis regardant autour de moi.

[observation]

Je m'exclame, bouche bée :

"Ça alors !"

Je regarde autour de moi, silencieux devant ce spectacle morbide, et le frisson qui me parcourt le dos n'est pas forcément dû à la température du lieu... Quand Opiter se remet à parler, je réagis machinalement et plonge la main dans ma sacoche pour chercher mon carnet. Mais mon geste s'arrête quand il prononce le dernier mot de la phrase.

"La boucherie, dites-vous ? Il y en a donc d'autres ?"

Il y a une vingtaine de places, toutes ne sont pas occupées, peut-être la moitié seulement. Le sol humide glisse légèrement sous vos pieds.

Non, non, c'est là que nous gardons le matériel, et vous y serez plus tranquille pour nous faire profiter de votre art, si j'en crois votre mine.

Opiter Peltrasius Ulfila glisse ensuite quelques mots à l'oreille d'Inigo, un homme d'age incertain, portant de longs gants de cuir et un tablier sur ses habits du guet. Il a l'air presque jovial sous son front large et ses grands yeux sont presque déplacés. Celui-ci se rapproche ensuite du docteur et le salue.

Le capitaine reprend la parole.


Je vous laisse docteur. Inigo va vous aider si vous le voulez bien.

Il se retourne ensuite vers les trois autres, toujours suivis des gardes qui portent les sacs.

Je manque à tous mes devoirs, jeune dame, vous êtes mes hôtes après tout, voulez-vous boire quelque chose? Je ne sais trop comment vous mettre à l'aise dans un tel lieu! Je n'y avais pas pensé.

En se dirigeant vers la boucherie, il se retourne encore:

A bientôt docteur, nous aurons l'occasion de reparler de votre véhicule.

"En effet, je boirai volontiers quelque chose" dis-je en me dirigeant à sa suite vers l'autre pièce.

un petit frisson me parcourt l'échine puis me reprend et réponds à l'invitation du capitaine:

"Tant que l'on sort de ses sous-sols..."

Je salue la petite troupe et m'adresse à Inigo :

On ne m'a pas vraiment dit ce que l'on attend de moi. Avez-vous plus d'indications à me donner ? Ces personnes ont-elles été tuées par les créatures que nous avons vues ?

En arrivant en bas, toujours dans mon air d'inspecter les lieux, je fais quelques pas et me penche en avant pour passer l'index sur la glace puis le porte devant mes yeux, puis compte sur mes doigts, en les désignant un à un du même index humide, les corps sur les brancards. Ceci fait, je remets mes mains derrière mon dos et suis la petite troupaille vers la "boucherie", m'inclinant légèrement en dépassant Inigo.

La boucherie est une petite salle longue et basse qui contient plusieurs placards, une large table, un bureau et quelques chaises. La pièce est impeccable, à l'exception de quelques feuillets sur le sous-main de cuir. Dans un coin du bureau, un thé bout sur un petit réchaud improvisé et quelques tasses colorées sont posée à côté.
Opiter Peltrasius Ulfila entre et se dirige vers un placard:

Installez-vous, installez vous.

Les deux gardes entrent eux-aussi et posent les sacs sur la table, fermés. Ils restent ensuite debout près de la porte, qu'ils ferment derrière vous.

Dehors, Inigo, demande au docteur:

Pardon, de quoi parlez vous? J'ai bien quelques patients pour vous, mais aucune créature.

Je prends une chaise et m’assieds en poussant un soupir de contentement. Puis je retire mon chapeau, m'évente une ou deux fois avec avant de le poser délicatement sur la table à côté de moi.

Une fois rentrée, je reste un peu en retrait m'adossant à un mur.

"Nous nous installons, nous nous installons !"

Je tire une chaise proche de Gabriel, m'assied puis me rapproche de la table, pour y poser mes coudes, et ma tête dans mes mains.

On entend un ruissellement très léger à l'intérieur de ce qu'il convient d'appeler la morgue. Inigo répond au docteur sur un ton assez sympathique, presque chaleureux ne serait-ce le décor.
C'est typique du capitaine. Avec toute cette agitation en ville... Je vais vous montrer.

Il découvre alors trois corps. Deux d'entre eux sont décapités. Le visage du troisième est affreusement boursouflé. Le tore est visible et couvert lui aussi de blessures. L'un des cadavres sans tête est visiblement une femme mais il est impossible d'en dire plus sans s'approcher.

Même en étant habitué à l'odeur de la mort, la vision soudaine de cette chair martyrisée la fait remonter dans la gorge, dans les narines...

Dans la boucherie, Opiter Peltrasius Ulfila amène des verres dépareillés et une bouteille qui contient un liquide pâle. Il s'assied en face de vous, remplit les verre, vous les passes.

Trinquons si vous le voulez bien, et voyons ces dessins.

Je refuse le verre poliment et reste adossée au mur.

J'accepte le verre et, le levant, je tourne la tête vers la jeune fille:
"Allons mademoiselle, il serait dommage de gâcher ce qui ressemble enfin à une célébration ! Même si son objet m'échappe un peu et que le contexte est original, pour le coup, c'est toujours moins triste que dans les rues."

Impassibilité

Je ravale un haut-le-coeur en découvrant les corps. Je détourne le regard quelques instants pour reprendre le contrôle, puis, après une inspiration pas trop profonde, je me dirige vers le corps le plus proche.

Que s'est-il passé ?

Le docteur s'approche du cadavre de l'homme décapité. Les bords du coups semblent à première vue assez net.

Ceui-là, on l'a retrouvé il y a deux jours dans une ruelle de la vieille ville. On s'est d'abord dit que c'était un règlement de compte, vous voyez, un du genre bizarre soit, mais on voit des gars qui croient faire des exemples... Enfin, les marques sur le corps, j'ai jamais vu ça et j'ai dit au capitaine qu'un peu de science serait bienvenue.

Dans la boucherie, Opiter Peltrasius Ulfila semble profiter des rares minutes de calme dans sa journée. Il déguste sa boisson et écoute poliment la conversation.

Vous aurez peut-être le coeur à boire un thé. il apaise l'esprit aussi bien que ce cordial? à l'intention de la jeune fille, sur un ton apaisant.